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photo du local la Borne
Photo du local La Borne, prise sur la page Facebook de la Ville de Ferney

 

Résumé de l'épisode précédent : nous avions publié les données brutes début août et promettions de produire le rapport rapidement.

Le rapport est prêt (voir ci dessous) mais ça a pris un peu (beaucoup) plus longtemps que prévu pour le partager avec vous.

Pourquoi ? Tout simplement parce que cette étape de la méthode nous a beaucoup appris sur la nécessité de prendre soin de l'équipe locale.

Le mieux est de prendre le temps de l'expliquer. Ces articles sont faits pour retranscrire la totalité de l'expérience, la méthode elle-même sera améliorée en fonction de nos apprentissages.

Lorsque nous avons analysé les données, nous avons mis en lumière un problème sur la gestion des déchets dans le quartier. Nous avons donc pensé judicieux d'inviter à l'atelier participatif, à la fois des représentants du bailleur social et du centre de traitement des déchets en plus des élus.

Pour organiser cet atelier, nous avions besoin d'une équipe de pilotage. J'ai lancé une invitation à faire partie de l'équipe de pilotage sur le groupe Whatsapp du conseil citoyen. Malheureusement, personne du conseil citoyen n'a répondu.

Après une petite session de réflexion avec Judith et Stephan, on s'est dit que c'était sûrement dû au fait que leurs activités étaient déjà nombreuses et qu'ils avaient peur de se surcharger. Donc on a élargi le périmètre à tous les habitants. Nous avons dédié dans la synthèse des besoins un encart pour inviter des habitants à nous rejoindre. On l'a imprimé et mis dans toutes les boites aux lettres. Une personne a répondu.

A ce moment-là, j'étais un peu désespéré. J'ai très envie de mener ce projet jusqu'au bout et je ne comprenais pas pourquoi le conseil citoyen ne s'était pas engagé. Nous ne souhaitions pas faire appel à d'autres gens, extérieurs au quartier, pour animer l'atelier. Le but étant que l'équipe locale devienne autonome dans le déploiement de Solucracy.

Donc, hop, une autre réunion avec Judith et Stephan pour appeler à l'aide. Après un petit travail sur le retour d'expérience, Stephan nous a fait travailler en nous posant la question suivante : quelle est la chose que nous savons maintenant que nous ne savions pas avant ?

La réponse a été : ce n’est pas parce qu’on a une équipe déjà formée/ des ressources sur lesquelles s’appuyer pour lancer le projet que c’est si facile de les engager. La question de l’animation du groupe se pose énormément.

Et ensuite, maintenant que nous savons ça, quelle est la chose que nous savons que nous ne savions pas avant ? Et ainsi de suite... :-)

Voici donc les réponses suivantes :

  1. Il est nécessaire à chaque étape de s’assurer que l’on ne perde personne en route.
  2. Imposer une méthode aux gens reste violent.
  3. Si ça ne vient pas d’un besoin de plusieurs personnes de créer ensemble et de trouver des projets pour que la qualité de vie soit mieux, ça ne sert à rien
  4. Un projet Solucracy nécessite une certaine quantité d’énergie, si elle ne vient pas de l’équipe locale, elle viendra de nous.
  5. Il y a des gens qui ne perçoivent pas leurs besoins mais on peut créer un cadre pour que ces besoins s’expriment.

Et donc la conclusion de tout ça : être à l’écoute des signaux faibles et prendre soin de la collaboration avec l’équipe en continu, s’adapter à la systémique locale.

Vous allez me dire, c'est bien joli ces phrases mais ça résoud pas votre problème ?

Ben si. On a décidé de ralentir un peu et plutôt que d'appliquer la méthode bêtement, étape par étape, on allait s'occuper du groupe. On a organisé une réunion avec le conseil citoyen dont l'intention était de faire un tour de ressenti sur les résultats de l'enquête, et de décider de l'étape suivante, en acceptant éventuellement que l'atelier ne soit finalement pas la meilleure option. 11 personnes sont venues à cette réunion.

On a parlé de l'enquête, voici leurs retours :

Tour de cercle : Qu’est-ce qui vous a marqué dans la synthèse des besoins ? Ce qui vous a étonné / surpris ? Ce que vous avez appris ?

  • J’ai bien aimé la façon de présenter le travail, j’ai trouvé ça très bien et dedans on retrouve le nombre de personnes qui ont répondu, c’est clair, c’est génial. Pas surprise par rapport aux résultats eux-mêmes, il y a déjà des gens qui sonnent chez pour dire des trucs. Il y a aussi des gens qui se plaignent juste pour se plaindre
  • Surprise des gens qui répondent soit tout , soit rien, soit divers, ravie de voir que l’activité sport est en priorité, ça reflète les ateliers sport qui marchent bien. Par rapport aux besoins des jeunes comment les recueillir pour avancer ensemble, souvent dans la plainte mais pas dans la force de proposition. Beau document
  • Surprise par la démarche, agréablement, on vient sonder les besoins des gens, on ne leur impose pas des choses qu’on imagine, me plait beaucoup. Beaucoup de bienveillance dans les réponses, il y a des demandes concrètes, le sport pour les ados les adultes, besoin qui a émergé de se rencontrer, d’échanger, personnes âgées à intégrer, pas mal de choses à faire, de possible, un point à travailler : la communication à développer davantage pour toucher pas mal de gens, les inviter , à faire qu’ils s’engagent. Plus on sera nombreux plus ce sera positif et moins on va s'essouffler.
  • La meilleure chose c’est aller vers les gens, les laisser s’exprimer, mais l’important est nous en tant que conseil concitoyen, que va-t-on pouvoir répondre à leur demande. Ils s’expriment c’est bien, mais si on ne répond pas à au moins une partie des demandes, ils vont juste prendre ça pour des statistiques. On ne peut pas répondre à tout mais au moins à ce qui est le plus facile pour commencer pour donner envie aux gens de continuer à ‘exprimer.
  • Lors du conseil citoyen , des représentants ont dit, on demande des choses et rien ne se passe, le problème est que entre la demande et ce qui doit se passer, ça prend beaucoup de temps. Il faut pouvoir l’expliquer. Je n’ai pas pu participer physiquement mais les résultats sont assez positifs dans l’ensemble : la convivialité, la tranquillité. C’est bien fait, il faudra pouvoir contacter les habitants pour essayer de les inciter à venir. Comment arriver à les contacter et à les motiver pour venir. On a pu contacter des jeunes mais on a eu du mal à les faire s’engager. Je n’habite pas le quartier.
  •  Merci Yannick, sans toi, tout ça ne serait pas possible, support très important, tu fais beaucoup de choses pour que ça aboutisse. Très surprise pour avoir participé au porte à porte, des réponses des habitants, des gens n’ont besoin de rien, sont bien, et se plaisent. Quoi faire pour la communication ? On met des affiches, le fait d’avoir mis sur les portes, les gens ont tilté. Contente qu’une personne aie été intéressée, comment évoluer par rapport à la communication ?Gros doute. On fait passer des choses et on voit qu’il y a des gens qui ne savent pas. 
  • L’enquête est intéressante, ça permet de classer des besoins, on voit qu’il y en a avec des variantes diverses, des attentes. Là ou c’est intéressant, on sollicite quand même l’avis, on impose pas les projets aux gens. Entre le moment ou l’attente est posée et la prise en compte de la demande, il y a du temps. Les gens veulent du résultat. Il y a du positif, j’ai envie d’y croire, en six ans, il y a des choses qui ont été faites, ça a évolué. La communication m’interroge aussi. Communication orale plus efficace ? Jmenfoutisme ? pas forcément, est-ce qu’il faut un but ? Comment créer cette conscience collective ?
  • Merci Yannick, ce qui m’interpelle un peu c’est le sport et la gym. Par rapport aux questions des habitants, on doit être honnête, ca peut aller doucement, il y a des choses qui se font déjà. Il y a déjà plein de choses, beaucoup de gens sont contents. C’est toujours les mêmes qui se plaignent, on les écoute et on leur donne du positif. On ne peut pas déplacer les jeux, etc… c’est un quartier vivant, ce que je leur dis : les enfants vont grandir, ça va passer, on a tous été petits, vous pouvez parler aux parents, appeler dynacité. Ca m’est arrivé.


A la fin de cette réunion, j'ai fait une petite présentation du principe de l'atelier, en quoi ça consistait, etc... et 6 personnes se sont inscrites.

Nous avons donc une équipe de pilotage au complet ! :-)

Moralité : Il est très facile de se retrouver hors sol dans un projet et on doit absolument garder une attention constante sur l'équipe, et ne pas partir du principe que tout va se faire automatiquement parce que Solucracy c'est trop super et ça marche trop bien.
L'important, ce n'est pas Solucracy, c'est les gens qui le déploient.

Yannick Laignel