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L'action

Du 19 au 21 Novembre a eu lieu le salon des maires à Paris, porte de Versailles.

Après quelques recherches, nous nous sommes aperçus que, malgré le fait que plusieurs milliers d'élus allaient se déplacer vers la capitale pour échanger et malgré le contexte social tendu, aucun espace n'avait été dédié à l'engagement et la participation citoyenne.

Nous avons décidé, avec plusieurs collectifs dont l'activité est centrée sur le développement de l'engagement citoyen (voir liste en bas de page), de créer un pôle mobile Participation citoyenne au salon des maires.

Nous avons édité un T-shirt portant une question : Les citoyens, une aide plutôt qu'un obstacle ? pour interpeller les élus et créer un image de groupe, et nous sommes promenés pendant 3 jours sur le salon pour engager des conversations sur le rapport entre les élus et les citoyens.

La posture choisie était bienveillante, pour apprendre, échanger nos expériences et donner à voir les différents outils qui existent, sans forcément essayer de vendre nos solutions respectives.

Salon des maires

Les enseignements

Voici ce que nous avons appris de ces conversations :

Nous avons été surpris(e)s par l'accueil. La plupart des élus étaient ouverts à ces conversations et prenaient même plaisir à échanger sur leurs expériences et leur rapports avec les citoyens de leur commune.

Certains d'entre nous venaient avec des à priori négatifs envers les élus, partant du principe qu'ils ne faisaient pas les efforts nécessaires pour impliquer les citoyens dans la prise de décisions collectives.

Nous avons pu, peu à peu, nous rendre compte qu'il ne s'agissait pas de mauvaise volonté mais généralement de peurs liées à des expériences négatives, contre-productives, chronophages lors de tentatives pour construire un projet commun.

Les freins des élus

  • "Les gens se bougent quand ils ne sont pas contents, sinon ils ne viennent pas"
  • "Les gens aiment donner leur avis mais ne s’engagent pas"

Un travail compliqué

Le travail des élus dans les communes rurales est difficile et très mal payé. Une majorité des maires rencontrés nous ont dit ne pas souhaiter se représenter, souhaitent privilégier leur vie de famille. Ils nous ont pourtant assurés que leurs mandats avaient été riches en expériences, à la fois sur le plan humain et technique.

L'un d'eux nous a raconté avoir été appelé à 2h30 du matin la veille par la gendarmerie parce qu'un des habitants de sa commune avait trouvé un chien errant et ne savait pas quoi en faire.

Dans un tel contexte, il est plus facile de comprendre que si la prise de décision collective est perçue comme un calvaire plutôt qu'une aide, elle ne fera pas partie des priorités. Et ils ont plutôt tendance à essayer de se protéger de la dynamique de "bureau des pleurs" qui peut apparaître lors des réunions publiques.

Comment, donc, montrer aux élus locaux que leurs démarches d'implication des habitants n'ont pas fonctionné parce qu'elles n'étaient pas assez cadrées, et surtout, pas assez radicales dans leur approche ?

Qu'apporte la participation citoyenne quand c'est réussi ?

Nous avons également discuté avec des élus très satisfaits de leur rapport avec les citoyens, les ayant impliqués de manière fructueuse dans les projets.

Ce qui nous a permis de leur poser la question :

Que diriez-vous à vos collègues pour les encourager à donner la possibilité aux habitants de participer ?

Leurs réponses étaient les suivantes :

  • "Il y a une demande des citoyens à participer au-delà d'un simple avis, c'est le rôle du maire d'organiser l'animation du territoire et les conditions de débats sereins."
  • "Cela peut faire revenir au vote des abstentionistes et des votes blancs."
  • "Cela permet d'impliquer les habitants et donc de réduire le budget ou faire mieux ce que l'on fait déjà bien."
  • "Cela permet des prises de conscience dans la population pour avoir ensemble le courage politique."
  • "Ca améliore la relation avec les citoyens grâce à des décisions publiques mieux comprises"
  • "Les bonnes idées et l'intérêt général n'ont pas de couleurs politiques"
  • "Des mécanismes de participation locale permettent de relancer une culture commune pour pallier au vide créé par la disparition des religions"
  • "Il y a souvent besoin de médiation / accompagnement avec les nouveaux entrants / arrivants dans une ville"
  • "Les gens se sentent concernés par projets / thématiques et quand ça les concerne moins sur les processus démocratiques en général"
  • "La lenteur des concertations, les gens se démotivent, mais c’est important pour pouvoir se projeter et avoir des objectifs collectifs sur le long terme"
  • "Les enfants et les sujets qui concernent tout le monde sont une bonne porte d'entrée pour relancer l'engagement"

Une de mes conversations préférées a été avec le maire-adjoint d'une commune de Côte d'Ivoire qui nous expliqué que la participation était intégrée dans la culture, qu'il ne servait à rien de construire des projets sans les personnes concernées et que si la population était contre, alors ils abandonnaient le projet.

Il nous a parlé des conseils d'anciens, d'enfants, de femmes, d'étudiants, de commerçants qui prennent part aux décisions.

Il participait au salon des maires pour se nourrir de l'expérience des élus français, sans même imaginer que c'était probablement lui qui avait le plus à enseigner au niveau des pratiques de participation.

En conclusion

Nous avons, à force de ces conversations, pris l'habitude de remercier les élus pour leur engagement, et pris un énorme plaisir à échanger avec eux.

Nous avons également pu, au sein du collectif, créer des liens entre nos organisations et commencer à imaginer de futures collaborations pour nous entraider dans notre mission commune qui est de faire la liaison entre les élus et les citoyens et aider les élus à mieux les intégrer dans leur politique locale.

Expérience enrichissante à tous les niveaux !

Voici la liste des collectifs qui ont participé à cette action :

Action Commune, Citoyens pour le Renouvellement de la Démocratie, Communecter,Démocratie Ouverte, La belle Démocratie -Archipel Osons les jours heureux, Le Lab CECSY - Créateurs d'Ecosystèmes Construits en SYmbiose Solucracy, Politiker

 

Judith Aynes, Yannick Laignel et les collectifs mentionnés