Une résidence Idyllique ou presque
Dans le cadre d'une mission que j'ai repris, d'assistance à maîtrise d'usage. Une résidence neuve d'une soixantaine de logements construite à Villeurbanne. Un promoteur qui remporte un appel à projets et monte une équipe.
A Villeurbanne, la municipalité a envie de questionner l'implication des gens au delà de leur sphère privée et donc il a été décidé de construire un bâtiment et d'accompagner les futurs habitants à le prendre en main. C'est un milieu où il y a beaucoup d'acteurs qui ont tous leur petite partition à jouer. Le chef d'orchestre est le promoteur qui fait l'intermédiaire avec la banque et les autres, assez peu dans une posture de coopération.
On a été plusieurs à intervenir, chacun à notre tour, et je suis arrivé après une collègue. Contexte pas évident, pas de dynamique de coopération dans l'équipe projet. Se voir et se connaître est une des premières conditions à coopérer et là ça n'existait pas.
La mission comme je l'ai reprise était : Le bâtiment est livré et maintenant on va travailler avec les gens. Mais la coopération n'a pas été pensée avec l'architecte, les paysagistes, etc... Ce qui a fonctionné c'est qu'il y a vraiment eu une partie des habitants qui s'est impliqué dans le truc. 60 logements dont une vingtaine géré par un bailleur social, une vingtaine par des investisseurs, et une vingtaine pour y habiter.
A chaque réunion, les propriétaires occupants étaient là et ça a pas mal pris. Ils se sont rencontrés, et se connaître est devenu un aspect positif du projet (se retrouver, devenir amis).
La résidence dans sa globalité est géré de manière à ce qu'ils ont pu résoudre les problèmes de base , et ils sont allés plus loin à améliorer les espaces communs pour que tous puissent vivre un peu mieux (local vélo commun, cabane à outils commune). Une sorte de coopération entre eux avec un cercle cœur et des cercles thématiques. Et les gens sont assez contents. Ca prend soin d'eux et de leur cadre de vie.
A nuancer, parce qu'on a pas réussi à impliquer les locataires plus que ça.
Persévérance, volonté que ça fonctionne. Si j'avais fait juste ce pour quoi j'étais payé, on ne serait pas allé jusque là : dévouement. Bossé gratuit sur les 6 derniers mois.
Les outils qu'on utilise au quotidien : conditions à réunir pour qu'un groupe arrive à se mettre en mouvement.
Connaissance diffuse de l'habitat, des copropriétés et des enjeux autour. On n'a pas fait ce qui avait été prévu à l'origine, plein de choses qui se sont passées et on était dans l'ajustement permanent
- Le contexte : des gens qui étaient déjà dans cette dynamique là , s'impliquer pour faire des choses qui vont au delà de leur intérêt particulier. On a fait la même chose de la même manière dans d'autres endroits sans que ça fonctionne.
Quand c'est un petit noyau et pas une seule personne qui essaye d'avancer ça fonctionne mieux
- L'autre raison est que c'était assez simple : pas de grandes idées parachutées là dedans, pas de concepts hors sol qui auraient pu empêcher l'appropriation : Des salles partagées, des terrasses partagées, une chambre d'amis. Dans d'autres cas, c'était voulu par les collectivités, construits par les architectes, et l'AMU doit aider l'appropriation et dans ces cas là, les habitants ne s'en occupent pas et ça devient plus une charge.
- Un budget participatif mis en place qui a permis aux gens d'aller plus loin, de réfléchir à leur cadre de vie et des groupes de travail qui se sont montés.
- Qu'une communauté de projet se forme en amont avec toutes les parties prenantes, pas juste moi et les habitants. Souvent on laisse les acteurs bosser dans leur coin et on ne n'implique pas les habitants. Y a des architectes, des paysagistes, un bailleur social que j'ai jamais rencontrés.
- Ca aurait été cool d'être un peu plus ambitieux, d'aller un peu plus loin. Il faut penser : on fait le minimum, et si tout va bien, on se donne la possibilité de faire plus. Si on part tout de suite sur un truc complexe, c'est contreproductif. Réussir à penser comment le projet peut répondre aux besoins principaux.
- Ne pas bosser tout seul, j'étais seul sur les animations et à connaitre les gens et ce qu'on fait.