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Nous allons maintenant aborder quelques concepts issus de la systémique. Ces notions, parfois simplifiées, servent avant tout à illustrer et à mieux comprendre un système adaptif complexe comme un organisme vivant.
Le concept d’équilibre dynamique
Un équilibre dynamique est un processus d’auto-ajustement continu en réponse aux informations provenant de l’environnement. Prenons l’exemple de notre corps : lorsqu’il fait froid, il met en œuvre des mécanismes pour se réchauffer (comme les frissons), et lorsqu’il fait chaud, il cherche à se refroidir, notamment par la transpiration. Ce processus d’ajustement vise à maintenir des conditions favorables à la survie.
C’est une interaction constante entre l’information que nous captons et notre capacité à nous adapter. Par exemple, la douleur joue un rôle clé dans ce mécanisme : elle agit comme un signal d’alerte. Si nous touchons un objet brûlant, la douleur nous pousse à retirer notre main immédiatement, empêchant ainsi des dégâts plus graves. Ces ajustements nous permettent de réagir rapidement aux changements dans notre environnement, qu’il s’agisse de bouger, de se protéger ou d’adopter une posture plus adaptée.
Cependant, ce principe d’équilibre dynamique ne se limite pas aux êtres humains. Il est observable dans de nombreux systèmes adaptatifs et complexes. Par exemple :
- Les arbres perdent leurs feuilles en hiver pour réduire leur consommation d’énergie face au froid.
- Les populations animales, comme les rats, adaptent leur taux de reproduction en fonction de l’abondance ou de la rareté des ressources alimentaires.
Prenons un exemple simple pour comprendre l'importance de la communication dans un système collectif. Si je mets ma main sur une plaque brûlante, je ressens immédiatement la douleur et je retire ma main sans attendre. Maintenant, imaginons que vous preniez ma main et que vous la placiez sur cette plaque brûlante : c'est moi qui vais ressentir la douleur, pas vous. À moins que je crie, me débatte ou trouve un moyen de vous signaler ma souffrance, vous ne saurez pas qu'il se passe quelque chose d'inadapté, et donc vous ne retirerez pas ma main.
Poussons cette idée plus loin. Imaginez une chaîne de personnes : je tiens la main de quelqu’un, qui tient la main d’un autre, et ainsi de suite, jusqu’à ce que la main tout au bout de la chaîne soit posée sur une plaque brûlante. Dans ce cas, seule la personne tout au bout de la chaîne ressentira la douleur. Celle qui est à l’autre extrémité, à l’origine de l’action, n’aura aucune idée de ce qui se passe. Aucun signal ne remonte, aucune communication de la douleur n’est faite. La personne qui souffre continue de souffrir, et celle qui a posé l’acte n’est pas au courant qu’elle a causé cette souffrance.
Ce principe peut être élargi à d’autres situations. Par exemple, dans notre consommation quotidienne, les produits que nous achetons sont peut-être fabriqués dans des conditions de travail difficiles ou inhumaines, mais nous n’en avons pas conscience. Nous sommes à l’extrémité de la chaîne, donnant simplement de l’argent pour encourager un système qui perpétue cette souffrance sans que nous le sachions.
Dans les hiérarchies, le même problème se pose. Un dirigeant peut prendre une décision en pensant bien faire, sans réaliser qu’elle engendre des difficultés ou des souffrances pour les employés situés tout en bas de l’échelle. Et souvent, il n’existe aucun mécanisme pour que ces ressentis négatifs soient transmis. La souffrance reste donc ignorée, et le dirigeant continue de prendre des décisions sans comprendre leur impact réel.
C’est pourquoi, dans tout collectif, il est essentiel de créer des mécanismes qui jouent le rôle d’un système nerveux. Ces mécanismes doivent permettre à tout ressenti, qu’il soit positif ou négatif, d’être communiqué rapidement et efficacement à l’ensemble du système, en particulier à ceux qui en sont à l’origine. Cela garantit une adaptation rapide et collective, favorisant l’équilibre dynamique. Ce processus ne vise pas seulement à répartir équitablement la souffrance, mais également à valoriser les ressentis positifs pour renforcer les dynamiques qui fonctionnent bien.
En somme, ces circuits de communication sont essentiels pour permettre à un collectif, un territoire ou une organisation de s’ajuster et de s’améliorer constamment.